Tandem N°9

Le cheval est-il une bête de scène ?

Dialogue entre Alex Lutz, comédien et cavalier, et Bartabas, fondateur du théâtre équestre Zingaro et de l'académie équestre de Versailles.

Le cheval est-il une bête de scène ?
4.90 €

Seuls en selle

À les voir côte à côte, on croirait la rencontre de deux opposés. Bartabas, 67 ans, grand et charpenté, arbore ses éternelles rouflaquettes désormais grisonnantes et une casquette colorée au-dessus de son crâne dégarni. Alex Lutz, 46 ans, plus petit et pas bien épais, le visage moins pileux que son coude, porte long ses cheveux blonds. L’un, écuyer de génie moins à l’aise parmi les humains que sur les équidés, protège sa timidité par une voix rustre et un abord bougon. L’autre, réalisateur et acteur transformiste césarisé, étire un sourire serein le dialogue à peine entamé.

Les deux hommes se portent une admiration réciproque. Bartabas a beaucoup apprécié Guy (2018), film réalisé par Alex Lutz et dans lequel l’acteur incarne Guy Jamet, un chanteur de variétés passé de mode tentant de reconquérir sa célébrité. Alex Lutz, lui, admire la connaissance sans fond du créateur du théâtre équestre Zingaro, dont il a vu plusieurs spectacles. Comme son vis-à-vis, le comédien est un cavalier. Certes pas de la même trempe, mais il possède tout de même un lusitanien à la robe crème, nommé Nilo, qu’il s’échine à éduquer dans sa maison orléanaise, et qu’il faisait monter sur scène dans son dernier one man show. Il figure même sur l’affiche de son prochain, intitulé Sexe, Grog et Rocking Chair.

Le cheval, la scène et le cheval sur scène. Ça fait déjà pas mal de points communs pour deux antipodes. Installés dans une petite salle de l’Académie équestre de Versailles, où Bartabas, son fondateur, forme à sa manière les écuyères de demain, les deux hommes discuteront longtemps de la pertinence du cheval dans le spectacle, et aborderont aussi le trac précédant la représentation, la fascination gamine pour le dada, le deuil amer d’un cheval que l’on a côtoyé ou encore le temps incompressible de l’apprentissage. L’un — c’est le grand —, s’exprime avec feu. L’autre — c’est le blond —, plutôt avec recul. Deux opposés réunis, pour un échange inédit.

« Les instants où mon cheval entre en scène sont un peu des interludes, je ne peux être qu’à lui, je dois faire abstraction de tout le reste. C’est un confrère. »

Alex Lutz

« Un cheval entraîné va se tuer pour son cavalier. Pas comme un athlète qui sent venir le claquage et qui demande à l’entraîneur de s’arrêter. On est donc responsable de sa générosité. »

Bartabas

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