Pour cette cheffe de bord, ce conducteur ou ces ouvriers noctambules, le train est un lieu de travail. Pour ce dessinateur, une machine à rêves. Pour ce graffeur, une muse. Aux travailleurs levés à l’aube, il offre ses banquettes. Il dépose les soiffards devant le zinc d’un pub anglais, rapproche ou rapatrie les soldats ukrainiens du front russe. Tous connaissent les vibrations de son roulement, le bruit du sifflet au départ, celui des portes qui se referment, la vie qui défile derrière ses vitres.
Ce magazine est une invitation à monter à bord.
Grand entretien avec François Schuiten : « Relancer la machine à rêves »
Le belge de 67 ans, révélé au grand public avec sa série de BD Les Cités obscures (1982-2023, Casterman), en collaboration avec Benoît Peeters, se passionne depuis bien longtemps pour le monde ferroviaire. Il a conçu la station de métro Porte de Hal à Bruxelles et celle des Arts et Métiers à Paris, lui conférant l’apparence d’un Nautilus cuivré. Après quoi, il a scénographié le musée Train World de Bruxelles, pensé comme un « opéra ferroviaire », et travaille actuellement à de nombreux projets liés à l’avenir du chemin de fer.
Il aborde dans cet entretien ce qui est à ses yeux le chantier le plus crucial du train moderne : l’imaginaire. Réduit à néant ces trente dernières années, il s’agit, selon lui, de le réinventer. Et pour ce faire, il a quelques idées.
Reportage, portrait, analyse, témoignages…
Dans ce numéro, découvrez un grand reportage en Ukraine, au cœur de la bataille du chemin de fer ; une carte blanche à Mattia Filice, conducteur de train depuis près de 20 ans et romancier, ou encore une immersion d’une nuit sur un chantier du train-usine, qui avale et recrache les rails…
Boa Constructor
Inventés en 2010, les trains BOA sont des usines sur roues, qui mesurent jusqu’à 700 mètres de long, mobilisent jusqu’à 500 travailleurs quotidiennement et fonctionnent surtout de nuit. Nous sommes allés à Dax pour voir l’un d’eux en action, et mieux comprendre le rôle de ces monstres d’acier, essentiels à l’immense chantier que représente la régénération du réseau ferré national.
