Explorer l’univers des cavaliers, c’est observer une quête d’osmose toujours recommencée. Le cheval a beau avoir été domestiqué il y a plus de cinq millénaires, chaque nouveau représentant de l’espèce doit être amadoué pour accepter la compagnie humaine. Chaque binôme se construit d’abord dans la prudence, l’appréhension et le temps long. Après les premières ruades, incompréhensions, fuites, après les premières chutes et courbatures, s’instaure entre le chevaucheur et le “chevauché” une confiance frêle qu’il appartient au cavalier de développer. C’est là que réside le fondement de sa passion.
Parmi ceux que nous avons rencontrés, certains préfèrent les courses, d’autres le dressage, d’autres encore le spectacle, l’attelage ou simplement la marche à leurs côtés. Tous, néanmoins, partagent l’envie intime d’approfondir le lien à ces êtres muets pesant cinq cents kilos. Tous voudraient percer le mystère animal jusqu’à devenir centaures, mêler le cheveu au crin et le pied au sabot.
Ce magazine est une invitation à découvrir leur impossible métamorphose.
Entretien croisé : Alex Lutz et Bartabas
Installés dans une petite salle de l’Académie équestre de Versailles, où Bartabas, son fondateur, forme à sa manière les écuyères de demain, les deux hommes discuteront longtemps, abordant tour à tour le trac d’avant-spectacle, la fascination gamine pour le dada, le deuil d’un cheval que l’on a côtoyé ou encore le temps incompressible de l’apprentissage. L’un — c’est le grand —, s’exprime avec feu. L’autre — c’est le blond —, plutôt avec recul. Deux opposés réunis, pour un échange inédit.
Reportage, portrait, analyse, témoignages…
À lire dans ce ce numéro : une carte blanche à Jérôme Garcin, qui après que son père a trouvé la mort en chutant de son destrier, a trouvé la paix en montant à cheval ; un portfolio sur les Devil’s Horsemen — Les Cavaliers du diable, en français —, auxquels on doit certaines des plus grandes scènes équestres de cinéma, comme celles de The Crown, Game of Thrones ou Troie ; un grand reportage auprès des pony kids, jeunes Irlandais montant des canassons de fortune dans des banlieues miséreuses et bravant les obstacles légaux ; ou encore le portrait par sa belle-fille d’Homeric, un lad jockey reconverti journaliste à Libération puis écrivain.
Mon beau-père Homeric
Certains se sont peut-être vu offrir Le Loup Mongol — épopée équestre couronnée du prix Médicis en 1998 —, ou recommander la lecture de ses chroniques hippiques pour Libération. Mais si vous n’avez jamais curé de sabot, le pseudonyme Homeric ne vous dit probablement rien. C’était pareil pour moi jusqu’à ce que Frédéric Dion, de son vrai nom, ne devienne l’homme de la vie de ma mère. J’ai découvert alors combien comptaient, pour les amoureux d’équidés, les mots de cet ancien lad enjoué, galérien du turf converti journaliste puis romancier. Portrait de mon beau-père adoré.