L’île est connue pour sa beauté, moins pour son niveau de vie, globalement moins élevé que celui de l’Hexagone : le PIB par habitant (25 600 euros) y est inférieur de 12 % à la moyenne des autres régions de métropole et, en 2019, 18% des 350 000 habitants à l’année vivaient sous le seuil de pauvreté. Plus que l’économie, c’est la politique qui, en Corse, est l’affaire de tous et tout le temps. Les débats sont toujours aussi agités quand ils portent sur l’indépendance, l’autonomie, la préservation de la langue corse classée « en danger » par l’Unesco, ou le statut des membres de la diaspora. L’immobilier est peut-être devenu le plus pressant défi, aussi bien sur le plan environnemental que social, la population locale peinant à trouver de quoi se loger à un prix abordable. La tension est telle que depuis un peu plus d’un an, plusieurs dizaines de résidences secondaires sur l’île ont été détruites par des incendies criminels ou des explosifs.
Moins riche et moins peuplée que les autres régions explorées dans nos précédents numéros, la Corse jouit toutefois d’un puissant rayonnement culturel. Le meilleur ambassadeur de l’île n’est autre qu’elle-même, ses paysages, son maquis, ses criques et sentiers de randonnée attirant chaque année des centaines de milliers de touristes. Sa gastronomie fait des envieux. Et dans d’innombrables villes et villages, des rites et traditions variés sont maintenus vivaces par des habitants qui y sont viscéralement attachés.
L’ensemble de ces particularités laisse deviner un peuple solidaire, fier, et une jeunesse qui s’interroge sur la façon d’accorder son héritage à son avenir.
Entretien croisé : Jean-Guy Talamoni et Marc Biancarelli
Jean-Guy Talamoni, leader historique du parti indépendantiste Corsica Libera, avocat de formation et ancien président nationaliste de l’Assemblée de Corse milite toujours à sa façon.
Marc Biancarelli, poète, romancier, traducteur et enseignant en langue corse, le rejoint dans la fraîcheur du Palais des gouverneurs, musée bastiais qui domine la Méditerranée. Il a créé Omarà, une maison d’édition qui célèbre la littérature corse dans les deux langues : le corse et le français.
Au fil de l’entretien, un lien se tisse naturellement entre les deux hommes, autour d’une expérience et d’un amour commun : l’enseignement de leur langue. Tous deux le considèrent comme l’une des pièces maîtresse du projet culturel et politique de l’île.
Reportage, portrait, analyse, témoignages…
Retrouvez dans ce numéro : un portfolio sur les grandes traditions corses ; le portrait de Lambert Santelli, trailer recordman du GR20 ; une immersion au sein du club de football de Bastia, le FC Lupinu ; un reportage avec Suarina, un choeur polyphonique au féminin ou encore l’histoire exceptionnelle de Nonce Romanetti, le dernier roi du maquis.
Lambert Santelli, GR Vainqueur
Natif de Balagne, Lambert Santelli a été élevé au grand air et dans l’exploitation familiale, où il s’est familiarisé avec la restauration et les travaux agricoles. Une vie de crapahutage en montagne qui a beaucoup joué dans la performance du coureur trentenaire, détenteur du record mondial sur le GR20, le sentier de randonnée le plus célèbre de Corse, long de 186 kilomètres.