Une fois leur rigoureux code de conduite posé, les libertins ou adeptes du mouvement sexpositif explorent sereinement les plaisirs charnels. À deux, trois, quatre ou plus, chez eux, en clubs ou dans des soirées privées, ils effleurent, caressent, transpirent, griffent, lèchent, mordent, fouettent, râlent, embrassent. Ils vibrent. Toues les classes sociales s’envoient en l’air sagement ou sauvagement dans le clair-obscur d’espaces discrets. Aux termes « stupre », « luxure », « dépravation », « débauche », lestés d’une négativité imposée par une morale désuète, les libertins que nous avons rencontrés rendent une légèreté joyeuse.
Les pages qui suivent invitent à l’explorer.
Entretiens croisés : Sex not friends
D’une part Frédéric Beigbeder, un homme quinquagénaire, écrivain, libertin retraité et provocateur dans l’âme, qui distingue nettement désirs féminin et masculin, déplore le « puritanisme » ambiant, critique un « néoféminisme » trop tranché et définit la jalousie comme un « aphrodisiaque ».
De l’autre Nikita Bellucci, une femme trentenaire, actrice et réalisatrice de films pornographiques, qui juge que le désir n’a pas de genre, a cofondé un club libertin dans lequel elle veut « renverser le système pour que la femme décide, et non pas l’homme », mais se refuse au libertinage du fait de sa « jalousie-possessivité ».
Chacun développe sa vision de la sexualité et du libertinage. Sans surprise, elles sont opposées.
Reportage, portrait, analyse, témoignages…
Dans ce numéro, découvrez un reportage au cœur des backrooms, ces arrière-salles de boîtes où l’on baise sans retenue ; un portrait de Séverine Bellini, circassienne-contorsionniste-libertine ; une interview de l’autrice, réalisatrice et ancienne actrice pornographique Ovidie, abstinente par choix et par dépit ; un portfolio en immersion dans les nuits écarlates, soirées sexpositives d’accès restreint nimbées d’une lumière rouge…
Jouer sans entraves
Circassienne, contorsionniste et escort girl, Séverine Bellini a accumulé vingt années de scène et quinze de libertinage. À quarante-six ans, cette nomade à l’intarissable soif de liberté a deux essentiels : le cul et la culture. Sur scène comme dans la vie, elle les mêle pour briser tous les interdits.
