Sillonner la capitale des Gaules dans les pas de celui qui a incarné Astérix sur grand écran, c’est en fin de compte plutôt logique. Après un premier numéro dédié aux Marseillais selon l’humoriste Redouane Bougheraba, voici donc le second, consacré aux Lyonnais vus par Clovis Cornillac. L’acteur et réalisateur quinquagénaire, fils de deux comédiens, a écumé depuis son plus jeune âge les scènes de théâtre, avant de faire son entrée dans le cinéma. S’il vit à Paris, c’est à Lyon qu’il est né, à Lyon encore qu’il a ses attaches familiales, à Lyon qu’il a ouvert un restaurant, à Lyon qu’il ne cesse de revenir, souvent accompagné de son fils, qui d’ailleurs s’estime lyonnais. Ensemble, ils errent dans la ville, mais surtout vont au stade pour voir des matchs de l’OL, dont Clovis Cornillac est un mordu complet. Mais c’est aussi un authentique amateur de sports de combat, un galope-chopine friand de bouffe conviviale, un tatoué, un grimpeur de cols montagnards…
Les articles qui suivent, en traversant son histoire et son expérience, abordent de multiples facettes de la cité. Au fil des pages, on déambule dans les rues de la Croix-Rousse qu’il a connue et vu changer, on déguste beaujolais et plats dans une ambiance qu’il ne connaissait que dans les bouchons, on accompagne des jeunes comédiens-galériens répétant leurs premières pièces, on tente de comprendre ce qui fait de Lyon l’épicentre du football féminin en allant observer les jeunes joueuses à l’entraînement… Avec Clovis en filigrane, Lyon et les Lyonnais se dévoilent.
Grand entretien : Clovis Cornillac, Good Gone
Il est célèbre surtout pour ses apparitions au cinéma, dernièrement dans le film d’Artus Un p’tit truc en plus, dont l’incroyable succès (plus de dix millions d’entrées) le laisse encore ébahi. Mais Clovis Cornillac est un habitué des planches, qu’il a foulées dès ses quinze ans avant de percer sur grand écran et qu’il foule aujourd’hui encore, puisqu’il joue le rôle de l’illustre peintre dans la pièce Dans les yeux de Monet, qui se tient jusqu’à la fin de l’année au Théâtre de la Madeleine, à Paris. L’acteur et réalisateur de 56 ans, carrure carrée, yeux glacés, barbe aussi nette que fournie, est autant un enfant du théâtre que de Lyon, où il est né, et où sa passion pour l’Olympique lyonnais s’est nourrie, mais de manière apaisée : un gone, d’accord, mais un good one.
De foot, Clovis Cornillac parle donc dans cet entretien, masculin comme féminin. Il évoque aussi son enfance passée en large partie à la Croix-Rousse, dans le minuscule studio de sa grand-mère, puis dans son HLM – un F2 qu’il voit alors comme « Versailles ». Il dit, enfin, le lien qu’il relève entre l’architecture locale et le caractère des Lyonnais, son amour pour l’ambiance plus encore que pour la bouffe des bouchons, où l’on trinque ensemble sans se connaître, et son inexplicable attachement à cette ville où il ne cesse de revenir.
Les vagues et l'âme de la Croix-Rousse
Ça n’étonne plus grand-monde de dire que la Croix-Rousse se gentrifie : au fil des vagues de nouveaux arrivants, le prix du mètre carré augmente, les Parisiens, designers et développeurs web affluent, les boutiques de vélo électrique et de yoga holistique fleurissent. Mais si l’on fouille derrière les râleries anti-bobos et les grognements anti-écolos, on décèle dans ce quartier historique des canuts une mixité réelle, où subsiste, malgré des transformations évidentes, une culture du militantisme et de l’entraide.
Olivier Canal, Docteur du bouchon
Marseillais d’origine tombé amoureux de Lyon, Olivier Canal a repris en 2014 une institution lyonnaise, le bouchon La Meunière. Le chef cuisinier s’est imposé dans ce milieu ardu, jusqu’à devenir le garant de l’emblème culinaire de la ville : depuis 2022, il est président de l’association qui gère le label des bouchons lyonnais.
Du pain sur les planches
Lyon bénéficie d’un gros réseau d’écoles et de théâtres, publics comme privés, qui en font une ville attractive et une alternative à Paris pour les jeunes comédiens. Mais ceux-ci n’échappent pas à la précarité.