Il colle au terme motard cette image du gaillard grisonnant campé sur une Harley tapageuse, affublé d’une barbe, d’un blouson en cuir et d’un tatouage vieilli – au choix : une tête d’aigle, des ailes ou un portrait de Johnny. Et c’est vrai, on trouve encore, en France comme ailleurs, de ces vétérans-là. Mais la planète motocycliste ne saurait se réduire à ce rutilant cliché. Une multitude de destriers pétaradants sont chevauchés chaque jour par une multitude égale de passionnés. Si les hommes en composent encore la majorité, les femmes grapillent chaque année du terrain, et représentent, aujourd’hui, plus de 30% des candidats au permis A.
Celles et ceux que nous avons rencontrés ont donc pour la moto des attirances variées. L’un est pilote professionnel de MotoGP et se propulse sur circuit à des vitesses floues, l’autre, cascadeuse pour Hollywood, enchaîne les figures de stunt sur le bitume ; ceux-ci sont des jeunes rebelles cabriolant sur des deux-roues puissants en banlieue parisienne, ceux-là sont des bikers de Beyrouth ouvrant la poignée de gaz pour fuir, le temps d’une sortie en bande, le marasme qui frappe le Liban.
Il ressort de ce vaste tour de piste des histoires aussi foutraques qu’éclectiques. Toutes, néanmoins, convergent autour d’un même penchant pour l’adrénaline et la liberté. Toutes transpirent le même amour pour cette sensation de balancier dans les tournants, et la même joie simple à se glisser entre la résistance du vent.
Ce magazine est une invitation à rouler avec eux.
Grand entretien : Johann Zarco, la vitesse dans la peau
À le voir se balancer de droite à gauche dans les virages serrés et cabrer sa bruyante monture dans les lignes droites, on croirait assister à une chorégraphie bien huilée entre deux partenaires. Sur le circuit de karting de Brissac, dans l’Hérault, le Français de 33 ans termine sa préparation pour la nouvelle saison de MotoGP. Équipé d’une combinaison multicolore floquée de nombreux sponsors, Johann Zarco répète ses gammes en supermotard, sans jamais excéder les 150 km/h, bien loin des 300 à l’heure dont il est coutumier en MotoGP. Le double champion du monde de Moto2 revient sur son amour du deux-roues, évoquant son addiction aux shoots d’adrénaline — “j’ai été le premier pilote à dépasser les 360 km/h en course” —, sa pratique de l’apnée et du kickboxing ou encore la terrible chute à plus de 300 km/h dont il a été victime en 2018.
Reportage, portrait, témoignages, analyse…
À savourer dans ce numéro : un reportage inédit de Sylvain Tesson, parti à moto sur les traces de Lawrence d’Arabie ; un portrait de la voltigeuse et championne du monde de stunt Sarah Lezito ; une immersion dans le plus grand club de motoball (du football à moto) français ; ou encore un portfolio en Indonésie, avec les fanatiques de Vespa ultracustomisées.
De roues et d'os
Le photographe Muhammad Fadli s’est mêlé durant un an et demi aux Indonésiens fanatiques de Vespa customisées. Outre la géniale galerie de bécanes extravagantes, ses clichés laissent transparaître une jeunesse à la fois rebelle, bricoleuse et créative.
