Numéro 18

Les photographes

144 pages pour passer derrière l'objectif.

Les photographes
20 €
Clic

La photographie a cofondé ce magazine. Depuis notre premier numéro, paru en janvier 2020, elle s’octroie 50% de l’espace, refuse catégoriquement d’être recadrée à moins qu’on lui laisse une pleine page et intime d’être auréolée de blanc pour être mise en valeur – d’aucuns diraient sanctifiée. Elle exige aussi des articles longs, qui la laissent fouiller en profondeur son sujet, lui permettent de tenter tout un fatras technique de filtres alambiqués et d’éclairages farfelus, de flirter avec l’abstrait. Esclave de ses volontés, la rédaction de Sphères s’exécute, quitte à s’échiner ensuite à ce que les textes qui l’accompagnent la ramènent dans le domaine du lisible. La photographie, ce tyran.

Si on lui passe tout, c’est qu’elle exprime beaucoup. Celles et ceux rencontrés au fil de ce numéro en témoignent bien : le légendaire Martin Parr en tire, à travers une espièglerie sans fond, une satire en couleurs vives des mœurs occidentales modernes. Charlotte Abramow y fait figurer des étapes de la vie, un engagement féministe et un militantisme pour l’inclusion. Boby révèle la beauté du monde avec une touche d’ironie. Nanna Heitmann capture une Russie bouleversée par le changement climatique, la guerre et la répression d’un gouvernement toujours plus totalitaire. Mais on parlera aussi des gens qui mitraillent la Tour Eiffel au smartphone, et disent ainsi l’évolution de notre rapport à l’image ; de ceux qui immortalisent les morts ; ou de ceux que la photographie a déçus, et qui s’en sont détournés.

Malgré l’éventail de possibilités qu’offre leur art, les photographes sont mis en difficulté par la baisse globale de l’achat d’images, la hausse des coûts du papier et de l’impression ou encore la montée en puissance de l’intelligence artificielle. Pour subsister, ils font front commun, leurs agences changent de modèle. Hors de question pour eux d’abandonner ce boîtier obscur qui renferme leurs imaginaires, leurs envies, leurs doutes et leurs avenirs.

Les pages qui suivent sont une invitation à toucher leurs mondes : il suffit de mettre l’index sur le déclencheur. Clic.

Martin Parr : soyez drôle, ne souriez pas

Légende vivante de la photographie, Martin Parr a derrière lui plus de cinquante ans de carrière, 120 livres publiés, 12 000 collectionnés, et d’innombrables expositions. Ancien président de l’agence Magnum, dont il est encore membre, le Britannique de 72 ans croque les mœurs du monde occidental avec humour, satire, ironie et comme il dit, « espièglerie. » Tourisme de masse, couples qui s’emmerdent, nouveaux riches, obsession des selfies… Tous les travers contemporains voient leurs contrastes exploser, leurs couleurs éclater une fois capturés par son objectif, un phare qui braque sur eux une lumière crue, flashée, même de jour.

Depuis Bristol, en Angleterre, où il a installé sa fondation qui vise à promouvoir des photographes émergents travaillant sur le Grande-Bretagne, Martin Parr revient sur sa manière de travailler, défend bec et ongles la pertinence du livre photo, assume ses productions controversées pour la mode et revendique sa détestation du sourire photographié. Il dit, aussi, son amour pour l’humour, qu’il recherche partout et, manifestement, trouve souvent.

#TourEiffel

Tout le monde la connaît, elle a été capturée des milliards de fois, par des millions d’objectifs et sous des millions d’angles depuis près de 150 ans, pourtant la danse des flashs se poursuit : la Tour Eiffel est encore et toujours le monument le plus photographié au monde. Pourquoi ?

Charlotte Abramow : pas si naïve

Après un départ fulgurant, où elle a marqué de son esthétique surréaliste et colorée des thématiques comme la représentation des corps, la sexualité ou les violences sexistes et sexuelles, Charlotte Abramow est en plein doute artistique. À 31 ans, la photographe belge doit dépasser une « naïveté », jusqu’ici moteur créatif et bouclier, pour se tourner vers l’après.

Morose magique

Il existe en Grande-Bretagne une tendance à capturer ce que la majorité de l’humanité qualifierait de « laid » ou de « sinistre », et que les Anglais appellent « bleak ». Pourquoi ? Éléments de réponse avec trois photographes qui magnifient le morose. 

Image One
Image Two

Ajouter au panier

Collection Sphères
Les photographes
20 €