La passion des reconstitueurs réside dans une fascination aventureuse pour un temps révolu. Elle est une curiosité sans fond qui tient en une question : comment on faisait, avant ?
Pour répondre à cette brûlante interrogation, les reconstitueurs sont prêts à toutes les obsessions. Le diable est dans les détails, dit-on. Pour eux, la réalité d’une époque aussi. Ils passent ainsi des heures à consulter des ouvrages jaunis ou des blogs spécialisés, cherchant à savoir si c’est bien la jambe gauche qu’il faut mettre en avant au troisième mouvement de la valse, si la vareuse des hussards comporte effectivement quatre boutons ou si la courge citée dans telle recette médiévale de tourte est une calebasse ou un potiron. C’est seulement au prix de cette minutie que les reconstitueurs, lors de leurs représentations, transmettent l’Histoire et l’éprouvent dans leur chair.
Ce magazine est une invitation à la vivre avec eux.
Grand entretien : Stéphane Bern, Côté cour
Présentateur vedette de l’émission Secrets d’Histoire, le Franco-Luxembourgeois aime raconter le passé en entrant par la porte dorée, celle des monarques et des princes. Une vision parcellaire dont il a conscience, mais dont il connaît l’utilité pour capter l’auditoire : “On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre”, s’amusait-il à ce sujet dans une interview donnée à Libération.
Par sa capacité à évoquer un quotidien révolu, la reconstitution historique est pour Stéphane Bern un medium idéal. Ses Secrets d’Histoire en usent à loisir, mettant en scène un Louis XIV en tenue d’apparat paradant à Versailles, un Guillaume le Conquérant guerroyant sur le champ de bataille de Hastings ou une Marie-Antoinette frivole jouant aux cartes. Le présentateur lui-même s’est prêté une fois à la reconstitution lors d’une soirée dont le thème était la cour du Roi-Soleil. Teint poudré, longue perruque et collants, il incarnait alors un marquis de Sa Majesté.
Reportage, portrait, analyse, témoignages…
À lire dans ce ce numéro : grand reportage à Saint-Pétersbourg avec les champions russes du béhourd, le combat médiéval en armure ; un dossier sur l’ouïe, l’odorat et le goût, les trois sens souvent oubliés dans la reconstitution, ressuscités par des projets de grande précision ; un focus sur les contraintes et motivations de ceux qui incarnent la Wehrmacht dans les reconstitutions ; ou encore un portrait de Serge Adrover, arbalestier professionnel, bâtisseur de sous-marin et bricoleur compulsif.
Du cran, de la sueur et des armes
Notre reporter s’est rendu à Saint-Pétersbourg dans le club russe Old Friends, l’équivalent du Real Madrid en ce qui concerne le béhourd, du combat médiéval en armure. Là-bas, les légendes de la discipline s’entraînent avec acharnement pour conserver leur titre de champion du monde.