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Paul Gogo le

Du cran, de la sueur et des armes

Notre reporter s’est rendu à Saint-Pétersbourg dans le club russe Old Friends, l’équivalent du Real Madrid en ce qui concerne le béhourd, du combat médiéval en armure. Là-bas, les légendes de la discipline s’entraînent avec acharnement pour conserver leur titre de champion du monde.

Dix masses couvertes d’une trentaine de kilos de métal s’élancent comme des rugbymen pour projeter leurs adversaires au sol. Choc. En une demi-seconde, le silence de la pièce est déchiré par le fracas des armes. Les épées en titane s’abattent sur les casques métalliques, les massues en bois finissent dans les chevilles et des éclats de bois s’échappent des boucliers sous la violence des coups. Les deux camps tiennent bon. Encombrés par leur équipement, les chevaliers portent des attaques lentes, mais lourdes et puissantes. Le vacarme de leurs armes jure avec leur mutisme : aucun son ne s’échappe de leur bouche.

Après quelques dizaines de secondes, un homme est acculé contre la rambarde en bois qui délimite le terrain. Trois golgoths en armure l’encerclent, frappant successivement à la tête, aux bras puis aux chevilles. Une lourde pression sur le mollet droit pousse enfin le chevalier isolé à s’agenouiller et déposer les armes. Le temps de mettre deux autres combattants à terre et l’arbitre siffle la fin du combat. Il n’aura duré qu’une ou deux minutes mais tous les participants en ressortent le souffle court, le front luisant et le visage rougi par l’effort. Épuisés, ils s’affalent sur les quelques bancs en bois et le canapé en cuir du club. Pas pour longtemps. L’arbitre et entraîneur du jour, le multiple champion du monde spécialiste des combats à l’épée Youri Samoïlov, ne laisse aux athlètes que quelques minutes de répit.

Tout juste le temps d’ôter les casques – de vrais heaumes de chevaliers – et d’avaler quelques gorgées d’eau et déjà, l’activité reprend. « Nos protections sont si lourdes qu’il ne faut pas faire plus d’un entraînement en équipement par semaine. Au-delà, ce serait dangereux pour notre santé », confie Franco, un Sud-Africain de 32 ans venu étudier en Russie. Ce grand sportif aux larges épaules et au cou de taureau en impose, mais son physique est la norme dans la salle.

Dans le club russe de béhourd Old Friends © Nanna Heitmann

La pratique du béhourd exigeant une certaine carrure, les membres du club de Saint-Pétersbourg passent autant de temps en salle de musculation qu’à pratiquer leur sport. « La première fois que tu enfiles cette armure, c’est tellement difficile ! Ça fait quatre mois que je mets régulièrement la mienne et ça me fait encore mal au dos, aux jambes… » Long sourire au-dessus de sa courte barbe, Franco est ravi à l’idée de présenter sa passion, découverte par hasard par sa petite amie. « Elle était dans un train et a entendu des gens discuter des combats qu’ils venaient d’avoir lors d’un tournoi. Elle m’en a parlé en rentrant, je me suis tout de suite rapproché du club. » C’était en décembre dernier. Passionné par les chevaliers « comme on l’est quand on est enfant », Franco se remet donc au sport et développe sa musculature en vue de réaliser son objectif : rejoindre l’équipe nationale et participer aux championnats du monde. « Nous avons les meilleurs athlètes de béhourd au monde dans ce club. On se compare, on s’entraide et on essaye tous de se hisser vers le haut, assure-t-il. Ça fera la différence. »

En attendant la reprise des épreuves internationales, les sportifs multiplient les combats d’entraînement. Youri Samoïlov mène la danse. De taille moyenne, le visage rond, les cheveux coupés court, l’homme de 37 ans ne paie pas de mine, mais cela fait quinze ans qu’il arpente les champs de bataille. Avant chaque combat, il évacue systématiquement les alentours de ce drôle de ring : « Les sportifs sont souvent projetés en dehors du terrain », explique-t-il. Or, la chute d’un chevalier de plus de 100kg peut faire mal… Si les débuts de ce sport dans les années 1990 ont pu se dérouler dans une certaine anarchie, des blessés étant parfois à déplorer, la pratique désormais internationale est bien encadrée.

« Il y a plusieurs arbitres qui viennent vous arrêter s’ils considèrent que le combat est terminé, détaille Youri Samoïlov. Les règles sont simples, c’est du « full contact » :  on peut taper partout sauf entre les jambes, sur les pieds et dans le genou. Les coups d’estoc [Le mot estoc signifiait anciennement une épée longue et droite et désigne aujourd’hui, par extension, la pointe de l’épée. Un coup d’estoc est un coup porté avec la pointe de l’épée, ndlr]  sont évidemment interdits, car même si l’interstice pour les yeux est petit, certains heaumes ne protègent pas totalement le visage. » Dans l’enclos, la bataille fait rage. Soudain, un chevalier tombe. Les hommes trébuchent et s’empilent sur lui en une masse informe. Que l’on se retrouve à terre par les armes ou par accident, la sentence est la même : élimination directe.

Dans le club russe de béhourd Old Friends © Nanna Heitmann

Coûteuse passion

Aménagée dans une ancienne usine spécialisée dans les technologies des télécommunications, cette salle d’entraînement ouverte en 2018 est située à deux pas du centre-ville de la capitale russe du Nord, sur l’île Vassilievski. Elle représente la concrétisation d’une volonté des anciens du club : développer ce sport au point d’en faire une fédération nationale avec des écoles à travers tout le pays. C’est désormais chose faite. Le béhourd est reconnu officiellement par les autorités russes et le pays compte désormais plus de 2 000 membres inscrits dans 19 clubs équipés pour l’entraînement. Mais c’est bien à Saint-Pétersbourg que la machine à champions est la plus prolifique. En dix ans de participation à la Bataille des Nations, le championnat du monde de la discipline, la Russie, représentée par les Old Friends, majoritairement des athlètes de la ville, a remporté la quasi-totalité des rencontres dans les catégories phares : duel, cinq contre cinq et 21 contre 21. Sur les 58 épreuves disputées dans l’histoire de l’événement, elle n’a perdu que trois combats féminins et deux combats de groupe, un à l’Ukraine, un autre à la Moldavie.

Trapu, mince moustache rejoignant une légère barbe, cheveux bruns courts plaqués par du gel, Max Youn, 33 ans, n’a pas forcément le style du chevalier. Mais il y a quelques années, il a découvert le sport et le club. « J’étais un amoureux d’Histoire, mais c’est bien pour le sport que j’ai rejoint le club. Il y a un sentiment particulier à s’habiller comme un chevalier, et le combat, c’est quelque chose de fort ! » Aucun doute, le béhourd séduit. Mais le club des Old Friends a beau se professionnaliser, il n’attire pas encore les sponsors. Pour pratiquer, il faut donc mettre la main à la poche. Outre les 2 000 euros dépensés, en moyenne, dans l’achat de l’équipement, les athlètes prennent aussi à leur charge les nombreux déplacements pour disputer des championnats. Enfin, l’inscription au club leur revient à 2 000 roubles (environ 22 euros) par mois, et leur donne accès à des entraînements réguliers avec des coachs de haut niveau.

« Je connais des pêcheurs qui dépensent beaucoup plus d’argent pour leur passion ! rétorque Max, qui ne se passerait pour rien au monde de ces voyages dont ils gardent des souvenirs vivaces. Mon premier combat à Carcassonne que je n’imaginais jamais remporter, l’ambiance unique de la Bataille des nations,nos nuits à chanter avec les autres concurrents dans un festival à Nuremberg, et ce chevalier chinois qui, après avoir été mis à terre, s’était allumé une cigarette en plein combat ! »

Dans le club russe de béhourd Old Friends © Nanna Heitmann

Depuis début 2020, ce passionné contribue via sa chaîne YouTube à diffuser la légende d’un béhourd russe invincible et surtout, plus professionnel que jamais. Il y publie des vidéos de qualité traduites en anglais et parfois en français, dans lesquelles il décrypte les stratégies des autres nations, narre les meilleurs combats des champions russes, cause équipements et protections… « Quand on a le temps, mes amis du club et moi tentons de fédérer une communauté autour du béhourd. On a une école, on évolue dans la plus grosse académie de Russie et on s’entraîne deux à trois fois par semaine depuis un bout de temps : forcément, on a des choses à raconter, une expérience à partager. »

Pour formaliser leur statut de combattants légendaires, les membres de l’équipe Old Friends sont placardés aux murs de la salle de musculation. Ils apparaissent sur les affiches comme des gladiateurs prêts au combat, fiers, épées et boucliers en main. Le club est truffé de références aux victoires : le petit bar qui jouxte l’enclos des combats est vide d’alcool mais rempli de coupes et trophées, et une gigantesque affiche rapportée de Monaco rappelle à tous que l’équipe a été adoubée par le Prince Albert en février 2020, lors de l’épreuve finale de la Ligue des champions de béhourd.

Rambarde déformée et tête dans le bar

« Nous avons des stratégies, mais c’est secret, comme pour les échecs », coupe l’entraîneur Youri Samoïlov, un sourire malicieux aux lèvres. Sur le terrain, un énième combat a repris. Les sportifs en sueur commencent à passer leur tour et ne prêtent même plus attention aux affrontements. Les yeux dans le vague, ils attendent un top départ autoritaire du chef. Il faut une volonté immense pour enchaîner les affrontements, car ils tournent souvent à l’acharnement : un homme se retrouve coincé contre une rambarde, à encaisser les coups jusqu’à fléchir. D’ailleurs, la rambarde du club est déformée à force d’accueillir le dénouement des rencontres, et il arrive régulièrement qu’un observateur maintienne une planche avec son pied pour éviter que les combattants ne finissent la tête dans le bar. « Pour former des combattants, on travaille d’abord l’endurance, puis le travail d’équipe car les combats de groupe demandent une certaine préparation, précise Youri Samoïlov. Alors seulement on parle de stratégies et de tactiques. »

Le champion a découvert ce sport en jouant au jeu vidéo Counter Strike. Un jour, un joueur l’invite dans le tchat à le rejoindre dans un bois pour se battre en armure avec des amis. « Le côté historique était déjà présent ! Puis, progressivement, on s’est mis à participer à des reconstitutions. On avait un sacré look ! Mais ce qu’on aimait plus que tout, c’était le combat. » À partir de 2014, le groupe se professionnalise, troque le fer et l’acier, métaux historiques, pour se mettre aux armes en titane, moins lourdes et plus efficaces, et commence à voyager partout dans le monde. L’émergence de concurrents de plus en plus sérieux pousse Youri Samoïlov et l’autre entraîneur star du club, le champion du monde de hallebarde Alexeï Naïderov, à penser au futur. La fédération russe accueille les nouvelles recrues dès seize ans, les plus jeunes s’entraînant sur un tatami avec du matériel en mousse. Et comme au football, la fédération envisage de créer une équipe réserve, rendue possible grâce à l’augmentation significative du nombre de pratiquants ces deux dernières années.

Dans le club russe de béhourd Old Friends © Nanna Heitmann

« Nos plus grands adversaires sont les Ukrainiens. Ils sont forts, ils ont plein de jeunes et ils sont très supportés, glisse l’entraîneur entre deux affrontements. C’est plus excitant pour nous d’avoir une opposition forte que de remporter un match en quelques secondes, donc on prend toujours plaisir à se battre contre eux ! » assure-t-il, concédant également un certain respect envers les Anglais, « de plus en plus performants ». Au contraire, « les Américains sont un peu âgés même si leur niveau général ne fait que s’améliorer. Il nous restera pour autant toujours un avantage : l’expérience. » Quant aux Français, les chevaliers russes leur portent une certaine admiration. Le béhourd y serait un art de vivre, un mélange équilibré d’histoire, de sport et de romanesque. « On s’est souvent battus en France. L’atmosphère des combats y est différente, les Français sont plus romantiques, ils sont dans l’observation, le ressenti, décrypte Irina Kamaeva, combattante et attachée de presse de la fédération de béhourd russe. Ils ont une vie assez posée, balancée en comparaison des Russes. Et ça se ressent dans leur attitude. Nos Russes ont une autre mentalité, ils n’ont pas une vie toujours facile, ils sont dans la douleur, la souffrance, la hargne. Ils veulent se battre et donnent tout ce qu’ils ont pour gagner. »

Sur le terrain éclairé par de larges fenêtres qui donnent sur les toits de ce quartier industriel de Saint-Pétersbourg, un autre combat se termine. Sous un heaume, le visage d’une femme se dessine. Tanya, la trentaine, énumère sans fanfaronner ses victoires : « J’ai été championne du monde en équipe et j’ai obtenu trois médailles d’or lors de tournois, en duel et en équipe. » Elle a découvert ce sport en 2008. Mais il aura fallu attendre 2014 pour que les femmes aient leurs propres catégories aux championnats du monde. Une goutte de sueur glisse sur son visage et elle poursuit : « Quand j’ai commencé, j’étais étudiante, je trouvais ce sport assez romantique. J’ai vite compris qu’il fallait choisir entre être passionnée par l’histoire, les costumes, la nourriture ou les vêtements de l’époque et la bagarre sur un ring. J’ai clairement préféré me battre !, lance-t-elle en souriant. Quand j’ai commencé le béhourd, les règles étaient floues, il y avait parfois des blessés même si on était loin de la réalité historique, avec des morts tous les deux mètres ! Mais on a fait grandir ce sport et maintenant, on se prépare à passer le relais aux plus jeunes, les champions du monde du futur. » La jeune femme retourne donner une dizaine de coups de pied dans une tour faite de pneus sur laquelle les sportifs se défoulent pour se chauffer. Puis elle fait glisser son heaume sur sa nuque et se lance dans une énième bataille.

© Nanna Heitmann

Une histoire nationale

La fin de l’URSS dans les années 1990 a causé une crise économique terrible, mettant le peuple russe dans la rue, entraînant une augmentation de la délinquance et déclenchant la naissance de nombreuses mafias. Hors de l’Histoire, perdus entre deux systèmes politiques, les Russes se sont replongés dans les origines de leurs pays pour y retrouver leurs marques. Ils multiplient alors les reconstitutions historiques, qui donneront plus tard naissance au béhourd. Et si le sport connaît un succès fou à Saint-Pétersbourg, c’est « tout simplement parce que plusieurs forteresses s’y trouvent ! », assure Artëm, membre de l’équipe Old Friends. Des forteresses, et l’histoire qui va avec.

Au XIVe siècle, période qui inspire généralement les passionnés de béhourd, la Russie venait tout juste de naître de l’explosion de la Rus de Kiev, une principauté slave. Le pays, pas encore fédéré, était alors composé d’une multitude de petites principautés, de républiques et de peuples nomades. Jusqu’à la fin du XVe siècle, soit durant environ 150 ans, la principauté de Novgorod, au sud de Saint-Pétersbourg (qui n’existait pas encore à cette époque) parvient à repousser les envahisseurs Mongols d’un côté, Teutons et Suédois de l’autre. Une histoire légendaire de résistance, dont on retrouve encore de nombreuses traces dans les pays baltes, jusqu’aux portes de Saint-Pétersbourg.

Logiquement, les châteaux des alentours ont accueilli les premières reconstitutions historiques : « L’une des premières reconstitutions a eu lieu au château de Vyborg, à 130 km au Nord Ouest de Saint-Pétersbourg. D’autres ont eu lieu dans les alentours, à Ivangorod, Priozersk, ou dans la forteresse Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg… C’est comme ça que notre ville est devenue la capitale des reconstitutions historiques », raconte Artëm.Dans les années 2000, le goût des combats en armure a pris le dessus sur celui de l’Histoire, et cette passion de la reconstitution historique s’est dédoublée. Il y a depuis les passionnés d’histoire d’un côté et les passionnés de combat médiéval de l’autre. « Ce sont deux hobbies distincts, les reconstitutions, c’est une chose, les combats, c’en est désormais une autre », tient à trancher Artëm. C’est finalement en 2003 qu’a eu lieu le premier tournoi de béhourd en Russie, organisé à l’époque en partenariat avec le club d’escrime Dynamo de Moscou.

© Nanna Heitmann

Paradoxalement, c’est certainement parce que le béhourd s’est séparé de la rigueur historique qu’il est aussi neutre politiquement aujourd’hui. Car le risque existe, la réécriture de l’Histoire est un sport national en Russie. Les reconstitutions historiques y sont devenues un réel outil pour un gouvernement souvent accusé de rêver d’un nouvel empire russe… Deux « Puy du Fou » russes avaient été commandés en 2014 pour accompagner l’annexion de la Crimée, promettant un récit historique réécrit à la sauce russe. Ces parcs n’ont jamais vu le jour, la faute aux sanctions européennes imposées au lendemain de la conquête de la Crimée, mais un autre parc a été bâti à quelques kilomètres de Moscou : le « parc Patriote ». Un Reichstag miniature en bois y a même été construit pour rejouer indéfiniment la bataille de Berlin de 1945… 

Combattants russes, armures suisses

Les XIVe et XVe siècles russes ne font pas particulièrement rêver les passionnés d’histoire, la Russie de l’époque étant encore très jeune. Quant aux sportifs, ils en admirent les batailles, moins l’équipement : « On a étudié toutes les possibilités : les Vikings n’étaient quasiment pas protégés et les armures russes de cette période n’étaient pas bonnes, détaille Max Youn. On a donc choisi d’utiliser du matériel et des costumes suisses de Bern, parce qu’il y a une tradition militaire dans cette région et que leur équipement est plus fiable. Dans le béhourd, c’est la sécurité qui doit primer. Il faut toujours garder en tête que vous avez l’air cool dans une belle armure mais que si elle n’est pas efficace, vous serez le premier à terre ! » Résultat, l’équipe russe se bat sous les couleurs de la Suisse mais bel et bien au nom de la Russie.

Fin de l’entraînement. Evgueny, 32 ans, solide bonhomme trapu au crâne dégarni, range ses vêtements dans son sac. Mais de toute son armure, il n’emporte que son casque – la majorité des participants laissent leur matériel sur place par manque d’espace dans leur appartement. Ania, sa femme âgée de 29 ans, elle aussi membre du club, s’est entraînée dans son coin. Elle s’est blessée à l’exercice quelques semaines auparavant et doit désormais réhabituer son corps à supporter la lourde ferraille. Le couple est de ceux qui font encore le lien entre l’Histoire et le sport. Ils ont découvert le béhourd par les reconstitutions historiques. Dans leur nouvel appartement avec vue sur la Neva, le fleuve de la ville, ils gardent des photos de leurs dernières reconstitutions avec leur fils. « Il adore déjà l’atmosphère des reconstitutions, entre le rêve et l’Histoire ! », lance le mari.

© Nanna Heitmann

Réservé et calme dans la vie, puissant au combat, le couple tente de ramener un peu d’histoire dans le club en confectionnant de temps à autre des costumes d’époque à leurs collègues. Du fait main réalisé avec précision et méthode. Au fond de l’appartement, une pièce entière est réservée à la couture, le métier d’Ania. « À l’origine, j’aimais beaucoup coudre du « fantasy », mais depuis quelque temps je me concentre plus sur l’Histoire. Je fais des recherches dans des livres, je réalise des pièces commandées par des musées, bref j’essaie de coller le plus possible à la réalité. » À la demande de notre photographe, Ania et son mari s’installent auprès de leurs trois machines à coudre. Instinctivement, Evgueny attrape son lourd heaume et le place à côté d’eux comme s’il s’agissait d’un membre de la famille. Bien protégé par ses gardiens russes, le béhourd a devant lui de longues années.

Paul Gogo

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