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Lucas Bidault le

De rouille et d’or

À la suite d’un accident de travail en 2010, Alexis Hanquinquant, maçon alors âgé de 24 ans, perd l’usage de sa jambe droite. Après 25 opérations et trois ans de rééducation, il choisit l’amputation, et se lance dans le triathlon. Pari risqué, mais ô combien payant : invaincu depuis six ans dans les championnats de France, d’Europe et du monde, l’athlète se présente aux Jeux paralympiques de Paris en grand favori.

À l’entrée de la piscine Guy Boissière de Rouen, une immense bâche accrochée sur le mur extérieur accueille le visiteurs de ces mots, écrits en lettres capitales : “Fièr.e.s d’Alexis Hanquinquant ! Champion paralympique de triathlon aux JO de Tokyo.” L’enfant du pays, natif d’Yvetot, petite commune située à une demi-heure de Rouen, y apparaît taille XXL, le bras levé en signe de victoire et un drapeau français dans la main. Le champion de 38 ans, médaille d’or de paratriathlon catégorie PTS4 (handicap léger) en 2021 durant les Jeux covid de Tokyo, s’entraîne ici, dans un complexe des années 1970 assez vieillot mais qui a le mérite de posséder deux bassins de natation, dont un en extérieur de cinquante mètres de long, les dimensions olympiques. 

Chaque jour, Alexis débarque aux alentours de 9h. La piscine n’ouvre au public qu’un peu plus tard. Vêtu d’un simple maillot de bain, grands tatouages apparents, il en impose avec son mètre 95 et sa jambe droite en carbone.  “On a de la chance, il fait beau aujourd’hui”, sourit-il dès son arrivée. Pour une mi-avril, le climat a un faux air méditerranéen. “Je confirme, ce n’est pas tous les jours comme ça en Seine-Maritime !”, appuie son agent, Farid Boumkais, présent auprès du triathlète lors de chacune de ses rencontres presse. Au bord du bassin, Nicolas Pouleau est déjà là. Détaché à temps plein par la fédération française de triathlon depuis 2016, il est chargé de concocter toutes les séances d’entraînement d’Alexis. Au programme du jour : deux heures de natation, soit environ six kilomètres, puis une sortie vélo d’une durée équivalente. La course à pied sera pour demain.

« La douleur est affreuse. Ce n’est pas quantifiable. C’est tellement violent que ça m’a rassuré sur la mort. Depuis, je n’en ai plus peur. »

Alexis Hanquinquant

Une grande cabine octogonale accolée à la piscine indique les couloirs de nage. « Alexis. H », suivi d’un petit drapeau français, est inscrit au couloir 1. Moignon apparent, le triathlète enchaîne les longueurs sous l’œil de son coach et d’un maître-nageur, condition de sécurité obligatoire — qui n’en reste pas moins cocasse — quand il est dans l’eau. Aux couloirs 2 et 3, quatre jeunes espoirs du club des Vikings de Rouen s’entraînent également. Habituellement, Logan Fontaine, champion du monde du 5 kilomètres en eau libre et suivi par le célèbre Philippe Lucas, ancien entraîneur de Laure Manaudou, est parmi eux. Nicolas, debout derrière les plots de départ, distille quelques conseils et encouragements. Taiseux au premier abord, il s’anime dès qu’on lui parle de son protégé et ne tarit pas d’éloges.  “Si on met Alexis côte à côte avec un champion de natation valide, il peut rivaliser”, affirme-t-il. Ses chronos sont d’ailleurs plus que corrects  : 9min28 au 800 mètres. Soit un rythme de marche rapide. “La natation est la discipline sur laquelle il a le plus progressé. Avant, il sortait de l’eau dans les dernières positions, désormais, il sort devant à chaque fois, continue Nicolas. C’est un bourreau de travail. »

[Cet article est à retrouver en intégralité dans Sphères N°16 : les athlètes olympiques]

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