 
                        Tierra Del Sol
C’est par hasard, dans la petite ville californienne de Pico Rivera, que le photographe Carlos Jaramillo a découvert la Charrerìa. Cette tradition équestre mexicaine, proche du rodéo, est aujourd’hui reprise en main par la jeunesse de la communauté latino aux États-Unis, que l’artiste met en valeur dans une série à l’atmosphère picturale, quasi cinématographique.
 
            Ayant grandi à la frontière de trois cultures – mexicaine, colombienne et américaine -, Carlos Jaramillo porte en lui des fragments de différents mondes et a construit son travail de photographe sur les traces d’un passé migratoire complexe. Motivé par le désir de documenter la vie des jeunes générations d’origine mexicaine au-delà des clichés habituels que sont les rivalités entre gangs, la drogue et l’immigration clandestine, il s’est rendu à Pico Rivera, une petite ville du comté de Los Angeles aux profondes racines latino. À sa grande surprise, il y découvre une manifestation majeure, qui se déroule chaque année : la Charrerìa.

« Je rendais visite à un ami qui possédait un ranch, avec l’idée de travailler sur cet espace très américain sous un angle différent. Je ne pensais pas tomber sur un tel événement », explique-t-il. Inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco en 2016, la Charrería était originellement pratiquée par les éleveurs de bétail au Mexique, et consiste en une série d’épreuves à cheval que l’on peut rapprocher du rodéo. Mais elle est bien plus qu’une compétition sportive : tradition équestre majeure mêlant art, culture et mémoire historique, elle se conjugue aujourd’hui avec l’identité de la communauté mexico-américaine aux États-Unis. « Raconter le sens de cette tradition pour les nouvelles générations était une façon pour moi de me sentir partie prenante de ce récit », ajoute Carlos Jaramillo.

C’est pourtant en outsider qu’il débarque dans l’arène de Pico Rivera. Mais il parvient à gagner la confiance des organisateurs, qui lui accordent un espace pour réaliser des shootings. Contrairement aux autres photographes présents, principalement occupés à capturer des souvenirs destinés à la revente, Carlos Jaramillo s’est fixé un autre objectif : mettre en évidence le caractère intime et transgénérationnel de la Charrerìa. Le résultat de ce travail est Tierra del sol (« Terre du soleil » en espagnol), une série à l’atmosphère picturale, quasi cinématographique, née de l’utilisation expérimentale – et parfois accidentelle – de la photographie analogique. En demandant à ses sujets de ne pas sourire, de prendre des poses solennelles et statiques, le photographe donne une profondeur nouvelle à cette tradition mexicaine revivifiée sur le sol américain.
[Cet article est à retrouver en intégralité dans Sphères hors-série n°3 : les cavaliers]
 
                     
                             
                             
                             
                             
                             
                            